Dernière mise à jour : mai 2023
Les ressources marines ne sont pas illimitées. Nous connaissons aujourd’hui leur grande fragilité face aux modifications de l’environnement et à la pression de la pêche. L’extraordinaire capacité naturelle des espèces marines à se renouveler peut être réduite, voire anéantie, dans le cas de pêches intensives. Plusieurs populations d’espèces marines se sont déjà effondrées sous l’effet d’une exploitation humaine trop intensive (cabillaud de Terre-Neuve, empereur de l’Atlantique Nord-Est...).
Ces 15 dernières années ont été marquées par la mobilisation, au niveau européen, des acteurs de la filière pour faire évoluer les pratiques (de pêche et d’approvisionnement), et par une réforme ambitieuse de la Politique Commune de la Pêche (PCP) en Europe, en termes environnemental. L’année 2020 devait être l’année où l’ensemble des stocks européens devaient être exploités à des niveaux durables (objectif PCP) et où le bon état écologique du milieu marin devait également être atteint (objectif de la DCSMM*). Globalement, ces objectifs n’ont malheureusement pas été atteints, ni en Atlantique et encore moins en Méditerranée.
28 % des stocks évalués dans les eaux européennes de l’Atlantique Nord-Est sont toujours surpêchés et le milieu marin n’a pas encore atteint le bon état écologique. Depuis le début des années 2000, la proportion des stocks surexploités en Atlantique Nord-Est est en diminution lente, mais régulière ; diminution accrue en 2020, due à la diminution de la pression de pêche liée à la crise Covid. En Méditerranée, la pression de pêche reste très élevée et globalement deux fois supérieure au taux d’exploitation maximum pour une gestion durable de la pêcherie. 29 des 34 stocks évalués scientifiquement (dans les eaux européennes de Méditerranée) sont surexploités et la plupart des stocks sont non évalués.
Au niveau mondial, de nombreux enjeux demeurent : 35,4 % des stocks sont surexploités, des techniques de pêche fort impactantes sur les écosystèmes subsistent, des pratiques de pêche illégales perdurent... Beaucoup reste encore à faire pour le maintien de la biodiversité marine, la préservation des ressources et par conséquent, la pérennité des métiers qui en dépendent.
Pendant ce temps, poissons, mollusques et crustacés continuent d’avoir la faveur des consommateurs. Au cours des trois dernières décennies, leurs qualités nutritionnelles ont été abondamment et efficacement mises en avant. La production mondiale est passée de 40,5 millions de tonnes dans les années 60 à près de 180 millions de tonnes aujourd’hui.
Comment répondre à la fois à la forte demande en protéines aquatiques de qualité et à la nécessité de préserver la faune halieutique et d’encourager les pratiques durables ? Quelles espèces choisir ?
Ces dernières années, l’état des ressources tend à s’améliorer en Atlantique Nord-Est grâce aux mesures de gestion prises en Europe. En revanche la Méditerranée est de plus en plus détériorée et 85 % des des stocks évalués sont surexploités. (Source CSTEP 2022).
DONNÉES SCIENTIFIQUES
L’univers sous-marin recèle encore bien des mystères, même pour ceux qui l’exploitent quotidiennement. Quel est l’impact de la technique de pêche que pratiquent certains sur les paysages marins et les écosystèmes ? Quels sont les effets du prélèvement d’une grande quantité de juvéniles ou de reproducteurs sur une population de poissons ? La connaissance de cet univers mystérieux est imparfaite. Les scientifiques, pas plus que les pêcheurs, n’ont de certitudes sur leurs évaluations des stocks car la recherche est un processus continu d’amélioration de méthodes et de mesures d’interprétation (l’échantillonnage est-il satisfaisant ? Faut-il se fier aux données de marquage plus qu’aux données de captures ?).
Cependant, les éléments objectifs sur l’état de nombreux stocks de poissons ne font pas défaut. Depuis un demi-siècle, les scientifiques (biologistes, halieutes et statisticiens) observent, comptent, mesurent et analysent ce qui est, parfois ce qui a été, et avec prudence ce qui sera.
Les espèces à forte valeur marchande ainsi que celles qui sont sujettes à une limitation réglementaire des prélèvements (TAC – Total Admissible de Captures – et quota) font l’objet d’études approfondies récurrentes.
Cependant, 19 % des débarquements français (France métropolitaine) correspondent à des stocks mal connus car non suivis scientifiquement. Ainsi leur exploitation pose des incertitudes en termes de durabilité
* Directive-cadre stratégie pour le milieu marin
** Les données incluent la production de pêche et d’aquaculture dans les eaux marines et les eaux continentales.