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Dernière mise à jour : mai 2023

 

 

BIOLOGIE

Petite roussette : (Scyliorhinus canicula)

  • FAMILLE : Scyliorhinidae.
  • TRAITS DISTINCTIFS : Corps longiligne, dos de couleur brun à jaunâtre parsemé de nombreuses petites taches brun-noirâtre, ventre clair, museau arrondi.
  • HABITAT : Espèce benthique qui vit sur des fonds meubles de sable, de gravier ou de vase, de 20 à 110 m de profondeur en Atlantique, de la Norvège aux côtes sénégalaises, jusqu’à 400 m en Méditerranée.
  • ALIMENTATION : Céphalopodes, crustacés, mollusques, petits poissons, vers.
  • MATURITÉ SEXUELLE : Atlantique : 58 cm (6 ans/femelle).
  • Méditerranée : 40 cm (5 ans/femelle).
  • PÉRIODE DE FRAI : Tout au long de l’année. La ponte présente des pics en hiver et en été, en Atlantique, et en hiver et au printemps, en Méditerranée.
  • LONGÉVITÉ : 12 ans.

 

La petite roussette est ovipare. Les femelles pondent annuellement environ 100 œufs. La durée de l’incubation dépend de la température de l’eau et peut varier de 5 à 11 mois.

 

Autres espèces de requin commercialisées sur nos marchés  :

  • GRANDE ROUSSETTE (Scyliorhinus stellaris)
    • Espèce ovipare.
    • Maturité sexuelle : 76-79 cm en Méditerranée et 80 cm en Atlantique.
  • ÉMISSOLES (Mustelus spp.)
    • L’espèce la plus souvent débarquée et commercialisée est l’émissole tachetée.
    • Espèce vivipare.
    • Maturité sexuelle : 87 cm/6 ans en Atlantique et 96 cm en mer Méditerranée.
  • AIGUILLAT COMMUN (Squalus acanthias)
    • Espèce vivipare.
    • Maturité sexuelle : 75-83 cm (12-15 ans/ femelle) en Atlantique.
  • REQUIN HÂ (Galeorhinus galeus)
    • Espèce vivipare.
    • Maturité sexuelle : 120-185 cm (13-15 ans/ femelle).
  • REQUIN PEAU BLEUE (Prionace glauca)
    • Espèce vivipare.
    • Maturité sexuelle : 217 cm (4-6 ans/femelle) en Atlantique Est.

 

PÊCHE

Les requins sont très recherchés pour leur chair, leurs nageoires et leur cartilage. Durant de nombreux siècles, leur capture reposait sur une pêche artisanale, cantonnée aux espèces côtières. C’est à la fin du XXe siècle que des pêches intensives se sont développées à l’échelle mondiale, du fait d’une forte demande des pays asiatiques en ailerons de requin qui auraient des vertus thérapeutiques. L'analyse des débarquements de ces espèces au niveau mondial (données FAO) est assez complexe car certains pays déclarent leurs captures sous l'appellation « raies et requins », sans distinction d'espèces. Au niveau européen, les données sont plus fiables.

Le principal pays pêcheur de requins au niveau mondial (en poids débarqué)* est l'Inde suivie par l'Espagne.

Le requin peau bleue est l’espèce de requin la plus pêchée au monde (92 771 tonnes en 2020 soit 21 % de toutes les espèces de requin débarquées) et la majorité de ses débarquements proviennent de l’Atlantique (51 741 tonnes en 2020).

La flotte des différents pays d'Europe représente 17 % des débarquements mondiaux de requins (72 884 tonnes en 2020). Les marchés européens sont approvisionnés en requins issus principalement de pêcheries d’Atlantique Nord, mais aussi en requins de plus grande taille capturés dans tous les océans du monde.

En France, les requins sont principalement pêchés en Manche et dans le golfe de Gascogne, généralement en tant que prises accessoires, en particulier par les chalutiers. Parmi les requins qui fréquentent les eaux françaises, la petite roussette et les émissoles sont les espèces les plus débarquées (respectivement 3 287 et 2 651 tonnes en 2020).

Les pêcheurs belges ont débarqué en 2020, 451 tonnes de petite roussette et 51,5 tonnes de grande roussette en prises accessoires des chaluts à perche. La petite roussette est l’une des espèces les plus fréquemment rejetées par la flotte belge.

 

Le requin peau bleue (Prionace glauca) est la principale espèce pêchée au monde et la principale espèce qui alimente le commerce mondial d’ailerons. Il est particulièrement vulnérable à la pêche pélagique à la palangre ciblant le thon et l'espadon, où il représente la principale espèce de requin capturée. De plus, le requin peau bleue est vulnérable à la surpêche du fait de son cycle de vie (longévité, maturité sexuelle tardive et taux de fécondité assez faible). Seule la CICTA a établi un TAC pour chacun des deux stocks de l’Atlantique (pour la première fois en 2019). Dans les autres zones de pêche, il n'existe aucune limite de capture.

 

 

DE NOMBREUSES MENACES

Des caractéristiques biologiques particulières : maturité sexuelle tardive, reproduction lente, faible nombre de jeunes à la naissance.

Les requins sont exploités pour leur chair, cartilage, peau, foie ainsi que pour leurs ailerons, branchies, dents et mâchoires. Les requins pélagiques sont particulièrement recherchés pour leurs ailerons ; les requins côtiers, en général de plus petite taille, sont recherchés pour leur chair. Les requins sont ciblés par certaines pêcheries ou sont capturés en prises accessoires par d'autres (comme les filets maillants ou la palangre ciblant d'autres espèces comme l'espadon et les thons). Les requins (essentiellement pélagiques) sont également attirés par les dispositifs de concentration de poissons (DCP), fréquemment utilisés pour la pêche au thon et sont ainsi capturés en même temps que les thonidés.

Surpêche, pollutions, changement climatique, modification et dégradation de leurs habitats ont engendré l'appauvrissement des populations de nombreuses espèces de requin.

Les nageoires des requins pélagiques sont très recherchées par les asiatiques pour la préparation de la traditionnelle «  soupe aux ailerons de requin ». Le finning***** est à l’origine de l’effondrement de plusieurs espèces de requin-marteau (Sphyrna spp.), renard (Alopias spp.), ou encore de taupe bleu (Isurus spp.). 

Les ailerons de requin sont les produits de la mer parmi les plus onéreux (entre 350 et 650 $ le kilo en 2019)

 

Depuis décembre 2012, il est interdit de débarquer, au sein de l'UE, des ailerons seuls ou un requin séparé de ses ailerons (mais les captures pour l'export d'ailerons hors UE sont toujours autorisées dans les eaux européennes).

 

ÉTAT DES STOCKS des principales espèces re requin pêchées par la flotte européenne

Les connaissances sur les populations de requin et sur leur exploitation sont dans la plupart des cas peu précises. Les données concernant les requins qui seraient rejetés en mer sont très souvent sous-estimées ou non déclarées. Cependant, plusieurs indicateurs (indice de biomasse/abondance, débarquements, rendements) permettent d’avoir des indications sur l’état de leurs stocks


 

 

LISTE ROUGE DE L'IUCN

 

 

GESTION DES STOCKS

Fermeture de pêcheries pour plusieurs espèces menacées au sein de l’UE :

  • La capture d’ange de mer (Squatina squatina) a été interdite en 2009 pour toutes les flottes européennes, quelle que soit leur zone de pêche. Jusqu’en décembre 2009, la France conservait la seule pêcherie ciblée de requin taupe (Lamna nasus) en Europe, localisée à l’île d’Yeu. Cette pêche est interdite en Europe depuis le 1er janvier 2010 (quota zéro).
  • En décembre 2010, le Conseil de l’UE a suspendu la pêche de l’aiguillat commun (Squalus acanthias) dans les eaux européennes des sous-zones CIEM 27.2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10 ; depuis 2016 un TAC (3) de 270 tonnes et des quotas par pays (dont la France) ont été fixés pour couvrir les prises accessoires d’aiguillats morts dans le cadre de pêcheries ciblant d’autres espèces. Ces dérogations ne s’appliquent que pour les navires participant au programme visant à éviter les prises accessoires. Suite à la dernière évaluation des scientifiques, qui a montré un stock en bon état, un TAC commercial pour cette espèce a été rétabli pour la première fois depuis 2009 pour l'année 2023. 
  • En 2012, c’est la pêche du requin chagrin de l’Atlantique (Centroscymnus granulosus) et celle du pailona commun (Centrophorus squamosus) qui ont été également suspendues (quota zéro).

 

Les espèces pêchées par la flotte française:

  • Petite roussette (Scyliorhinus canicula), grande roussette (Scyliorhinus stellaris) et émissoles (Mustelus spp.) : à ce jour, il n’existe aucune limite de captures pour ces espèces pêchées dans l’Atlantique Nord-Est, en Méditerranée et en mer Noire. Elles ne bénéficient d’aucun cadre de gestion propre.
  • Requin hâ (Galeorhinus galeus) : depuis 2015, cette espèce est incluse dans la liste des espèces protégées de l’UE et il est interdit de la pêcher à la palangre dans les eaux européennes des sous-zones CIEM 27.1, 4, 5, 6, 7, 8, 12 et 14 et de la division 27.2.a. Par ailleurs, depuis 2008, les flottilles britanniques ne sont pas autorisées à débarquer plus de 45 kg par jour de requin hâ et aucune pêche à l’hameçon n’est autorisée.

 

Aucune taille minimale de captures n’est définie pour ces espèces. Le poids minimum de commercialisation pour les roussettes est de 500 g.

 

 

Un accord international en faveur d'un commerce réglementé

 

La forte demande d’ailerons de requin a entraîné une surexploitation de nombreux stocks, au point de mettre en danger leur survie. Aussi, la Communauté internationale a-t-elle convenu de réglementer leur commerce dans le cadre de la CITES (4) : un pays qui souhaite exporter des requins (inscrits à l’annexe II*** de la CITES) doit certifier que les poissons sont issus d’une pêche légale, et que leur commerce ne portera pas préjudice à la survie de l’espèce. Cependant, la mise en application des contrôles pose souvent problème et ces mesures n’ont guère mis un terme à la surpêche. Ainsi, la CITES, en collaboration avec la FAO et les autorités des pays exportateurs, évalue l’état des stocks, examine les pratiques de gestion, et veille à ce que seules les pêcheries gérées de manière responsable fassent l’objet d’un commerce international. La Convention identifie ainsi les points sensibles et aide les pays, le cas échéant, à mettre en place des contrôles.

 

 

 

CONSOMMATION

Les différentes espèces de requin sont recherchées pour de nombreux débouchés, à l’échelle mondiale. La peau et le cartilage (pour en faire du cuir précieux, des produits pharmaceutiques ou des compléments alimentaires), le foie (pour l’industrie cosmétique), la chair et les ailerons (séchés pour le marché asiatique) sont appréciés sur différents marchés.

Au sein de l'UE, les requins côtiers sont commercialisés pour leur chair.

En France, la chair de requin est fréquemment vendue sur le marché de détail. Son prix relativement bas et l’absence d’arêtes en font un plat apprécié dans la restauration collective.

La France importe principalement de l’aiguillat commun et de la roussette (petite/grande) congelés, depuis les États-Unis.

En Belgique, le requin taupe et l’aiguillat sont consommés traditionnellement fumés. Cette dernière espèce est principalement importée des États-Unis.

 

La saumonette n’est pas un petit saumon

Les petits requins qui fréquentent les eaux de l’Atlantique Nord sont principalement vendus en frais sans tête, écorchés (sans peau), sous l’appellation « saumonette », ou encore « veau de mer ». Au Royaume-Uni, elle est vendue sous le nom de « rock salmon » (saumon de roche). Sous cet état, il est très difficile d’identifier l’espèce concernée. L’étiquetage incomplet des produits de requin ne permet pas de connaître in fine l’espèce qui est commercialisée et consommée. Par ailleurs, cette appellation générique ne permet pas de distinguer les espèces dont les populations présentent des évolutions de stocks plutôt favorables de celles qui sont plus fragilisées.

 

 • MSC • Une pêcherie américaine d’aiguillat commun, opérant en Atlantique Nord-Ouest, est certifiée.

 


En lire plus

Pour en apprendre plus sur la vie des requins, rendez-vous sur le réseau social encyclopédique Fishipedia:

Espèces de requins à découvrir sur Fishipedia: 

- Petite roussette

- Grande roussette

- Grand requin blanc

- Requin pèlerin

- Ange de mer

- Grand requin-marteau

- Requin mako

- Requin peau bleue

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

* Les valeurs incluent les débarquements enregistrés sous la catégorie raies et requins , sans distinction d’espèces.

** Des incertitudes existent sur le poids total pêché par certains pays à cause de la pratique du finning.

*** Les débarquements de la flottille indienne sont enregistrés sous la catégorie raies et requins , sans distinction d’espèces ; de même que pour la flottille mexicaine, en partie.

**** L’annexe II est la liste des espèces qui, bien que n’étant pas nécessairement menacées actuellement d’extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n’était pas étroitement contrôlé.

***** La pratique du finning consiste à couper les nageoires des requins et à rejeter les animaux amputés mais encore vivants en mer, sans chance de survie

****** Le terme menacées inclut les espèces classées comme en danger critique , en danger et vulnérables .

 

(1) Rendement Maximum Durable

(2) Total admissible de captures

(3) Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT en anglais)

(4) Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction

(5) Union internationale pour la conservation de la nature

ÉLÉMENTS CLÉS

  • 36 % des espèces de requin sont considérées comme « menacées » au niveau mondial, selon l’UICN.
  • Certaines espèces de requin (principalement les pélagiques), sont victimes du finning, pratique qui a considérablement réduit les populations mondiales.
  • Le requin peau bleue est l’espèce de requin la plus pêchée au monde. Des TAC n’existent que pour l’Atlantique et beaucoup d’incertitudes existent autour de l’évaluation de ses stocks dans cette zone. Cette espèce fragile et très migratrice devrait bénéficier d’une gestion à un niveau international.
  • Sur base des données disponibles, le plus souvent fragmentaires :
    • la biomasse des émissoles en Atlantique Nord-Est est estimée en augmentation 
    • la biomasse de la petite roussette en Atlantique Nord-Est est estimée globalement en augmentation depuis les années 90 
    • le stock de la grande roussette de l’Atlantique Nord-Est est globalement en augmentation depuis les années 90.
  • Le stock d'aiguillat commun de l'Atlantique Nord-Est, dont la pêche a été interdite en décembre 2010, est en bon état (évaluation 2022); un TAC commercial a été établi pour 2023, et ce pour la première fois depuis 2009.
  • Aucune information sur l’évolution du stock n’est disponible pour le requin hâ.
  • Les roussettes sont considérées comme des espèces productives comparées aux autres requins. Par contre, le requin hâ a une très faible productivité et c'est une espèce agrégative ; cela le rend très vulnérable à l'activité de pêche.
  • Les principales espèces actuellement pêchées par la flotte française (émissoles, grande et petite roussettes, requin hâ) ne sont soumis ni à des TAC ni à une taille minimale de capture. Le poids minimum de commercialisation pour les roussettes est de 500 g

 

RECOMMANDATIONS D'ACHATS

À consommer avec modération 

Stock en bon état mais espèce vulnérable au niveau global selon la liste rouge de l’UICN :

  • Aiguillat commun (Squalus acanthias) : stock Atlantique Nord-Est et eaux adjacentes.

Manque de données suffisantes pour permettre une évaluation scientifique complète mais stocks estimés globalement en augmentation) :

  • Petite roussette (Scyliorhinus canicula) : stock mer du Nord, Skagerrak et Kattegat, Manche Est, stock Ouest Écosse, mer d'Irlande, Manche Ouest, sud de la mer Celtique, stock nord/centre/large du golfe de Gascogne, stock sud du golfe de Gascogne et côtes Ibériques.
  • Grande roussette (Scyliorhinus stellaris) : stock Ouest Écosse, sud de la mer Celtique, Manche.
  • Émissole tachetée (Mustelus asterias) : stock Atlantique Nord-Est et eaux adjacentes.

➜ Privilégiez les individus ayant une longueur > à leur taille de maturité sexuelle :

  • 58 cm : petite roussette de l'Atlantique.
  • 80 cm : grande roussette de l'Atlantique.
  • 83 cm : aiguillat commun de l'Atlantique.
  • 87 cm : émissole tachetée de l’Atlantique.

Privilégiez les grandes tranches issues d’individus matures ayant eu le temps de se reproduire.

Vérifiez le nom scientifique de l’espèce et sa provenance avant tout achat.

➜ À éviter :

  • Requin hâ (Galeorhinus galeus) : stock Atlantique Nord-Est (stock avec uniquement des données sur les débarquements et espèce en danger critique au niveau global selon la liste rouge de l’UICN).
  • Requin peau bleue (Prionace glauca) : stock Atlantique (par principe de précaution au vue de la fragilité de cette espèce et des incertitudes autour de l’évaluation de l’état de la ressource).
  • Toutes autres espèces et stocks non évalués (incluant les espèces de la Méditerranée et de la mer Noire).
  • Toutes autres espèces de requin menacées  ****** de la liste rouge de l’UICN, sauf l'aiguillat commun (Squalus acanthias) du stock de l'Atlantique Nord-Est qui a été évalué en bon état en 2022 (mais toujours estimé menacé par l'UICN).